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La confrérie des 10001 pages
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12 février 2013

Dirigé et présenté par Michel Foucault, Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère…, lu par Bruno

Éd. Gallimard/Folio, 421 p.

9782070328284En juin 1835, Pierre Rivière, fils d’un paysan normand, assassine à coups de serpe sa propre mère, enceinte, sa sœur ainsi qu’un de ses jeunes frères. Condamné à mort, le meurtrier âgé de 18 ans est condamné à mort. Par grâce royale, sa peine est commuée en réclusion criminelle à perpétuité. Moins de cinq ans plus tard, Pierre Rivière se suicide en prison. Ce parricide – considéré à l’époque comme le crime le plus terrible qui soit – intéresse les gazettes locales mais n’a pas de retentissement particulier (les parricides sont nombreux et les Français sont plus intéressés par une autre affaire : une tentative d’attentat contre le roi Louis-Philippe par Fieschi). Si Michel Foucault et une équipe de scientifiques s’intéressent dans les années 1970 à cette affaire c’est qu’elle est exceptionnelle par la documentation disponible. Mais surtout parce que le meurtrier lui-même, Pierre Rivière a laissé un mémoire de grande qualité pour expliquer son geste. Le titre de l’étude collective dirigée par Foucault porte d’ailleurs pour titre l’incipit de ce mémoire : Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère. Ce livre passionnant, et qui vaut bien des polars, est divisé en deux parties principales : un dossier brut présentant des documents bruts (procès-verbaux, études médicales de l’époque, rapports, lettres officiels, fac-similés, un plan, etc.) et un recueil de sept articles (ou notes), dont une écrite par Michel Foucault lui-même (il signe également la préface générale). Au milieu de ces deux parties, une pièce maîtresse est reproduite : le mémoire in extenso de Pierre Rivière. Le lecteur constate, troublé, que celui que l’on présentait comme fou, fait preuve d’une rare clairvoyance pour expliquer en détail ce qui l’a conduit à un tel crime.Les notes explicatives éclairent à la fois le contexte historique du crime (une époque troublée, marquée par les guerres et la mort – on sort tout juste de la Révolution française et les guerres napoléoniennes), le contexte social aliénant (la paysannerie toujours enchaînée malgré la fin de l’Ancien Régime), la personnalité de Pierre Rivière, plus complexe qu'il n'y paraît, les atermoiements de la Justice (pourquoi les circonstances atténuantes n’ont pas été retenues durant le procès ?), les luttes d’influence – voire de pouvoir – entre justice et médecine ou encore la question de la folie de Pierre Rivière. Cet essai historique est exemplaire en ce que, partant d’un fait divers hélas banal, il décortique ses tenants et ses aboutissants, comme un archéologue le ferait sur un chantier de fouilles. 

Bruno, 421 p.

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Commentaires
D
Bonjour, il faudrait que je le lise car j'ai beaucoup aimé le film de René Allio. Lire mon billet du 01/11/2007 http://dasola.canalblog.com/archives/2007/11/01/6666652.html Bonne journée.
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